Le pardon, unique alternative humaine pour le criminel ?
Trop individualiste probablement, puisque je ne me suis jamais impliquée dans une cause humanitaire ou politique et je pourrais pratiquement dire dans la vie de la cité, je me sens cependant pacifiste, non violente, respectueuse de la loi et théoriquement, en accord avec celle de 1981 concernant l'abolition de la peine de mort, cette grande et belle idée. Pourtant je suis obsédée par la question du devenir « idéal » des récidivistes réels ou potentiels, dans la protection de la vie des autres.
Lorsqu'un évènement criminel particulièrement odieux, concernant des enfants ou des faibles, est relaté par les médias, par peur sans doute, ma première réaction est de penser à l'enfermement à vie voire à la peine de mort pour le criminel, mais au fond de moi, je ne suis pas satisfaite et, je l'avoue, lâchement rassurée de n'avoir pas à juger.
Je ne suis pas très érudite mais plutôt curieuse et j'essaie toujours de comprendre. Cette question - comme toutes les questions fondamentales telles l'euthanasie, la prison en France ou l'immigration - est souvent taboue, il est même quasiment politiquement incorrect de l'évoquer. Lorsque l'on s'y essaie, les pour et les contre s'enflamment généralement avec intolérance.
J'ai cru comprendre que :
- personne ne doit s'arroger le droit d'enlever la vie ;
- la justice étant faillible, il est impensable d'exécuter quelqu'un ;
- nombre d'innocents ont été privés de liberté, torturés et parfois exécutés en France ;
- malheureusement cela continue ailleurs voire peut-être même chez nous ;
- parfois, l'entourage des victimes sait pardonner.
Je pense également que le doute le plus infime doit profiter à l'accusé, l'erreur étant inacceptable.
Je conçois aussi que les assassins de tout acabit ont parfois des raisons que la raison ignore, que la responsabilité, quelle qu'elle soit, est difficile à appréhender,
Que la science aujourd'hui ne peut pas éradiquer les pulsions criminelles et venir en aide à ceux qui en ont besoin.
L'incarcération à vie est une punition presque pire que la mort, inhumaine pour le moins, pour des raisons multiples, à commencer évidemment par la privation de liberté sans espoir, mais aussi compte tenu des conditions de vie et des moyens dont notre état décrète de disposer (autre grande question) pour permettre une « sous vie » à peu près décente dans les prisons. La punition n'est pas forcement rédemptrice et surtout salvatrice, pourtant personnellement je ne vois pas comment protéger autrement les victimes possibles.
Je n'évoque pas les proches - victimes par contrecoups -.
Le crime commis, la justice passe au nom de la nation et pour protéger la cité, je crois, il ne saurait être question de vengeance particulière ni de leur permettre de faire leur deuil - expression à la mode, qui à mon sens n'a rien à faire dans un procès et pas grand-chose ailleurs, c'est trop intime - ; mon émotion concerne l'avenir.
On ne peut ignorer ces affaires de récidives qui nous bouleversent régulièrement. Peut-être sommes-nous pollués par une information manipulatrice et volontairement malsaine, inclinant systématiquement vers la dramatisation et la peur de l'autre.
Le respect dû et accordé aux criminels et autres assassins en tant que créatures de Dieu ne nous amène-t-il pas, d'une certaine manière, à se fermer les yeux ?
Le pourcentage de tels drames étant peut-être considéré comme négligeable, devrait-il être admis de les ignorer ?
Devons-nous sacrifier la victime même hypothétique au profit du criminel lui aussi hypothétique sur l'autel de la Justice, Aléa jacta es ?
En conclusion :
- Il ne faut pas tuer un criminel,
- Il ne faut pas l'incarcérer à vie,
- Personne ne sait ou n'a les moyens de soigner les malades criminels, les pervers.
Y a-t-il une véritable solution pour nous protéger ou faut-il s'aveugler et n'étant ni victime, ni bourreau, ni juge, se cacher derrière le paravent de la vertu tout en priant pour que l'orage passe toujours au-dessus de nos têtes ?
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